Parmi les monuments de la musique britannique, on retrouve bien évidemment Dire Straits. La formation menée par les frères Knopfler s’est imposée au fil des albums, des tubes et des tournées comme l’une des références de la musique rock avec pour fer de lance à la guitare électrique l’aîné, Mark.
Au même titre que chaque morceau et solo composé par Mark Knopfler, chaque guitare de sa collection est attendue et scrutée avec une grande attention. C’était en effet un expérimentateur passionné, un musicien aguerri capable de dénicher des instruments exceptionnels y compris dans des gammes modiques et des marques très modestes. S’il est connu pour sa collaboration avec Pensa avec qui il a pu concevoir l’instrument idéal pour ses besoins, ou encore pour sa Gibson Les Paul de 1983 de Money For Nothing, Mark Knopfler était aussi l’homme de guitares plus étonnantes. La vente d’une partie de sa collection chez Christie’s avait ainsi révélé des instruments surprenants, à la manière des Eko ou des Teisco, qui chacun réunissait de grandes qualités.
Après la vente de janvier 2024 où toutes les pièces s’étaient arrachées, il aurait été sage de considérer que la collection de Mark Knopfler avait révélé tous ses secrets. C’était sans compter sur une guitare qui ne faisait pas partie de cette vente exceptionnelle : une Baldwin à douze cordes dont l’histoire fabuleuse suffit à comprendre les raisons de son absence à ce grand rendez-vous.
Ce n’était pas une surprise de découvrir que Mark Knopfler avait acheté autant d’instruments au fil du temps, ayant été un collectionneur invétéré tout au long de sa carrière. Comme il le confiait dans une interview à Guitar World l’année dernière, il s’arrête encore devant les vitrines des magasins de guitares pour les admirer lorsqu’il passe devant. Quand la passion vous tient…
Cette rare Baldwin/Burns à double cordes n’était toutefois pas l’un de ses achats impulsifs. Knopfler avait « emprunté » la guitare pour une période exceptionnellement longue, environ cinquante ans, à son ami Jeff Sadler, également musicien. Sadler avait acheté la guitare au milieu des années 1970 avant de la prêter à Knopfler. Les deux amis d’école échangeaient et partageaient régulièrement leur matériel.
Entre les mains de Knopfler, la Double Six fut utilisée aussi bien en studio que sur scène. Elle figure en bonne place dans les enregistrements de “Angel of Mercy” et “Portobello Belle”, deux titres du deuxième album de Dire Straits, Communiqué (1979). On la retrouve également sur scène au Wembley Stadium lors du concert donné en 1986 pour le Prince’s Trust (aujourd’hui King’s Trust). Knopfler s’en est aussi servi pour interpréter “Sailing” aux côtés de Rod Stewart et Eric Clapton.
La Double Six faisait partie de plusieurs modèles vendus par Burns au Royaume-Uni et rebrandés par Baldwin pour le marché américain. La guitare est restée entre les mains de Mark Knopfler jusqu’à l’année dernière. Elle devait initialement figurer dans sa vente aux enchères chez Christie’s mais en la redécouvrant parmi les instruments destinés à être vendus, il s’est rappelé de sa provenance et a décidé de la rendre à Sadler. Cette guitare exceptionnelle richement documentée est désormais disponible au Matt’s Guitar Shop !
